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Document 8 : Vacances

Le document précédent (7) était un « Certificat des vacances », que chaque élève devait faire remplir à la fin du congé par le curé de sa paroisse. Celui-ci y notait ses observations, concernant la conduite de l’élève pendant les vacances, le nombre de fois qu’il s’était approché des Sacrements, le nombre de fois qu’il lui avait fait visite.

Le document ci-dessous est de la même trempe. Il est tiré d’un cahier de « Savoir-Vivre. Cours à faire aux élèves de la grande étude. 1931-32. » Le cahier est de couleur rose foncé. Il a 22 pages. Ses dimensions : 17 x 21 cm. Sur les 22 pages, 4 ont trait aux vacances, plus précisément à la conduite à avoir – ou à ne pas avoir.

L’écriture est celle du chanoine Pol Kaisin, supérieur de 1930 à 1948. Il lisait ces recommandations aux grands élèves (c’est-à-dire ceux de 4ème, 3ème, poésie et rhétorique), à l’étude. L’étude des grands était la seconde par rapport à la grande porte d’entrée de l’école, elle communiquait avec le « Paradis ».

Comme le texte manuscrit n’est pas toujours facile à lire, vu les ratures, les ajouts et les abréviations, nous l’avons fait suivre de sa transcription en caractères imprimés. Les anciens qui ont encore connu le chanoine Kaisin reconnaîtront son esprit pointilleux, épris des moindres détails. Les autres aussi, d’ailleurs…

(8) vacances (1) - copie

Transcription

  1. Le départ 1. Digne et calme. 2. Sans cris et sans tapage. 3. Attendre d’être à la station pour vous mettre à fumer. Vous modérer en cela si tôt – ne pas vous jeter sur cette petite satisfaction comme la misère sur le monde – quasi canes a catena soluti (« comme des chiens libérés de leur chaîne ») – comme si c’était là tout votre idéal et le bonheur suprême.
  2. Vous rendre service les uns aux autres. Honore invicem praevenientes (« devançant l’autre par quelque marque de respect »).
    Vous soucier du maître qui vous accompagne. Je ne parle pas de lui obéir mais de l’entourer de vos prévenances.
  1. Dans le train. À l’embarquement, ni cris, ni bousculades, ni brusqueries. On a les yeux fixés sur vous et l’on vous juge. Des ouvriers bien élevés ont parfois jugé très défavorablement les élèves du Séminaire. Spectaculum facti sumus mundo et angelis (« Nous sommes devenus un spectacle pour le monde et pour les anges »).
    Ne pas prendre exemple sur les soldats qui parfois sont, en chemin de fer, fort désinvoltes et mal polis.
    = Conception ( ?) à signaler = Comme un jeune homme se pose autrement ainsi.
    = Ne pas enfumer les autres voyageurs et ne les incommoder en rien.
    Au besoin, offrir votre place à des personnes plus âgées ou aux dames. Toutes n’en ont pas déjà. Leur apprendre le respect qu’elles … (doivent avoir ?)
    = Ne pas élever la voix et vous chamailler comme on ne ferait pas à la cour ou sur une place publique.
  1. En famille : 1. Faire votre joie de celle des autres. Vous renoncer pour ceux qui toute l’année se renoncent pour vous.
    2. Grande reconnaissance témoignée à vos parents, à vos frères et sœurs pour toutes les petites attentions dont vous serez l’objet de leur part. Les entourer aussi de vos attentions.
    3. Ni caprices, ni manières d’enfants gâtés.

    NB : Le chanoine Kaisin écrit au milieu de la page, à gauche, la traduction libre de quasi canes a catena soluti : « comme des jeunes sauvages » ou « de jeunes débraillés » ou « de petits ( ?) apaches ».

    … et en bas de la page, à gauche, il écrit « à la maison comme en public honore invicem praevenientes »

Carte postale 13 : Salle du chapitre (lavoir)

salle du chapitre (lavoir)

Un peu d’histoire
Comme dans toutes les abbayes, la salle du chapitre était l’endroit où les religieux se réunissaient pour délibérer. Son nom lui vient du fait qu’on y lisait quotidiennement un chapitre de la règle de vie. C’est là que se prenaient les décisions concernant l’ensemble de la communauté, parmi lesquelles l’élection du père abbé. Le mot « chapitre » désigne aussi la communauté de chanoines – à Floreffe, des chanoines prémontrés. Ne dit-on pas encore aujourd’hui avoir voix au chapitre pour signifier qu’on a le droit à la parole ?

La photo est un cliché de l’IRPA (Institut Royal du Patrimoine Artistique), n° 5025 B. On distingue nettement les deux époques de construction.
À l’avant-plan, une colonne toscane. C’est le même type de colonne que dans le réfectoire, le même type de voûte aussi, datant du XVIIème siècle.
À l’arrière, deux colonnes et, tout au fond, des étagères. Les deux colonnes sont beaucoup plus basses, elles supportent des voûtes romanes d’arêtes. Ce niveau correspond à l’ancienne voûte qui couvrait à l’origine toute la salle du chapitre, au XIIIème siècle.
Voilà l’explication des deux niveaux : les colonnes plus courtes sont à moitié enterrées, puisque le niveau a été relevé au XVIIème siècle.

Lampes et lampiste
La photo montre l’aménagement qui existait encore au début du XXème siècle.

L’éclairage est assuré par des lampes à pétrole, de la famille des quinquets (qu’on appelait des « lampes belges »). On en distingue deux sur le cliché. Il fallait donc les alimenter en pétrole ; nettoyer les verres ; régler les mèches ; allumer et éteindre. Vu la hauteur, une escabelle était nécessaire.

Toutes ces opérations étaient effectuées par un « lampiste »… qui était tout, sauf un personnage secondaire ! Au Séminaire, cette tâche était remplie par Joseph Franquet, appelé familièrement « Arthur ». Ce fidèle domestique est resté dans la maison de 1897 à 1952. En 1947, il fut fêté pour ses 50 ans de présence au Séminaire. D’abord lampiste, à 18 ans, il devint portier quand l’électricité remplaça le pétrole. Il était un personnage bien connu et apprécié des anciens et des élèves.

Lavoir
Au début du XXème siècle, la salle du chapitre présente l’aspect d’un lavoir.
C’est ici que, une fois levés, les élèves descendaient pour se laver.

L’eau arrivait dans deux réservoirs cylindriques, elle s’écoulait par des robinets dans des bacs, soutenus par des pieds en fonte.
Les élèves se trouvaient de part et d’autre des séries de quatre robinets. En zoomant, on peut voir un mince filet d’eau qui coule de certains robinets, laissant des taches sombres dans les bacs. C’est particulièrement visible dans le bac de droite, où l’eau laisse un dépôt important dans le fond.

Dans le sol actuel, on voit encore la trace des points de fixation des supports en fonte, ainsi qu’une dépression qui permettait de recueillir les eaux en excès.

Quand a fonctionné cette installation ?
Les supports en fonte font penser aux supports des bancs des études, réalisés en 1887.
L’éclairage électrique de tout l’établissement a été entrepris en 1902 et s’est généralisé progressivement. Ici, sur le cliché, il n’est pas encore question d’ampoules électriques. On peut donc raisonnablement dater cette photo entre 1880 et 1910.

Lorsque les lavoirs ont été supprimés, on a placé des bassins en tôle émaillée dans les alcôves.

Photo 14 : En classe (1970 ou 1971)

C’est avec plaisir et, il faut bien l’avouer, une certaine nostalgie que j’ai reçu de « vieilles » photos prises par Monsieur l’abbé Lombet et sur lesquelles j’ai retrouvé pas mal d’anciens condisciples de ma classe de 4ème latine. À l’époque, on commençait par la 6ème, puis la 5ème, etc.

en classe 70 ou 71
On peut y apercevoir les élèves en train de travailler en groupes. À l’époque, en 1970 ou 1971, ce n’était pas chose courante. Pourtant, je n’en garde aucun souvenir. Nous avions cours d’histoire. La classe se situait au premier étage, au bout du couloir avec les vitrines. À l’entrée se trouvait un petit local avec un évier et une deuxième porte ouvrait sur la classe. Actuellement, on y trouve le début de l’escalier qui conduit au « Palace ». Pour les anciens, cette classe se situait juste au-dessus du « Paradis ».

Outre votre rédacteur, vous y reconnaîtrez, de dos, avec un pull rayé à la « Ducobu », Grégory Mottard. De face, au fond à droite, Omer Laloux dit” Rommel” et de dos, avec une chemise rayée, je pense à Philippe Montigny. Pour le reste, je compte sur votre mémoire pour retrouver le nom des manquants.

Luc Gauthier (qui n’a pas quitté les lieux puisqu’il y travaille encore !)

Séquence cinéma 8 : Glissades en traîneau

La scène : le verger.
Sur la colline en face du Séminaire, une grande prairie monte jusque la chapelle Saint-Roch. Autrefois, c’était « le verger », qui n’était pas encore coupé par la RN 90 qui traverse le village depuis 1968. En hiver, c’était le terrain de jeu des élèves du Séminaire : que de parties de traîneau, sur la neige, qui se terminaient parfois … dans le ruisseau, tout en bas !

L’événement
Comme d’habitude, le proviseur – l’abbé Ferminne – a regroupé plusieurs films traitant du même sujet.
Les personnages reconnus permettent de dater plus ou moins les scènes.
Sur le premier film (noir et blanc), on distingue l’abbé Raymond Groeteclaes. Il a été surveillant au Séminaire de 1953 à 1956.
Le deuxième film est en couleur. La neige est moins abondante, l’herbe est visible en beaucoup d’endroits. L’année ? Environ 1962 ? Merci de nous aider, si vous reconnaissez des personnages.
Sur le troisième film, également en couleur, on voit apparaître l’abbé André-Marie Bonmariage. Il a été surveillant au Séminaire de 1960 à 1964. Il est ici en clergyman et, si mes souvenirs sont bons, c’est à partir de 1963, suite au concile de Vatican II, que les prêtres ont pu abandonner la soutane.

Le résumé
00.00 Les élèves descendent l’allée du Séminaire, …
00.10 … arrivent au verger.
Remarquer le traîneau en bois porté par un élève sur son épaule. C’était le même modèle pour tous les traîneaux. Ils étaient rudimentaires mais solides, fabriqués par le menuisier du Séminaire.
L’abbé Groeteclaes en discussion avec deux élèves.
00.32 C’est parti !
00.36 Il y a ceux qui vont vite, …
00.40 … ceux qui se mettent à quatre sur un traîneau, …
… ceux qui confondent l’avant et l’arrière, …
00.57 Groupe d’élèves.
01.05 En arrière-plan, maisons du village.
01.10 … ceux qui ne s’arrêtent que dans le ruisseau ou presque…
01.36 Groupe d’élèves.
01.42 Groupe d’élèves. FIN DU 1er FILM
01.49 Bataille de boules de neige.
02.05 Construction d’un igloo ?
02.18 Quelques figures. FIN DU 2e FILM
02.34 L’abbé Bonmariage, …
… quelques chutes dans le ruisseau…
… nécessitent la mise en place de quelques ballots de paille, par précaution.
03.41 Au ralenti, ce n’est pas mal non plus, …
04.46 … et, sans traîneau, seulement accroupis, sur ses chaussures, ça marche aussi !

Nous avons sélectionné environ 5 minutes sur les 25 de la bobine originale.

Réunion bisannuelle des Ancien(ne)s : le 10 octobre 2015

Il y a une tradition à Floreffe qui existe depuis la création de l’Association des Anciens Élèves du Petit Séminaire en 1880: une réunion générale organisée chaque année autour d’une bonne table. Cette tradition persiste même si depuis 2001, elle n’a lieu que tous les deux ans. Et cette année, ce fut le 10 octobre que les Anciens ont été conviés à se rassembler à Floreffe.

Les premiers qui arrivèrent sous un beau soleil d’automne furent accueillis par Sabrina Gérard, Rudi Horion, Christian Nigot et Pascal Hénuzet, qui les guidèrent dans les différents endroits servant de parking.

Plus de 170 d’entre eux se dirigèrent vers l’église abbatiale pour assister à une messe à la mémoire des membres de notre communauté décédés depuis la dernière réunion. Celle-ci fut concélébrée au milieu des stalles par les abbés André Férard, vice-président de notre pouvoir organisateur, et Jules Massart, préfet de discipline. Comme il y a deux ans, une chorale improvisée s’est constituée une heure avant le début de l’office. L’abbé Jacques Detienne a accepté gentiment le rôle de chef de chœur. Les chants furent choisis par Claude Duchesne, notre organiste, qui mit à l’honneur d’anciens professeurs musiciens comme, entre autres, Jean Van de Cauter et Émile Duchêne.

Dans son homélie, l’abbé Férard nous livre quelques réflexions sur le mariage, la famille ou les familles, inspirées par l’actualité du sujet. Il faut savoir que c’était le thème du synode qui réunissait en ce moment à Rome autour du pape François des évêques du monde entier, mais encore des couples et des chrétiens de la base. C’est aussi une question dont on parle dans bien des milieux face aux grands bouleversements de la société en ce domaine, chez nous en Occident. Pour terminer, il évoque deux figures marquantes de notre communauté qui nous ont quittés depuis notre dernière réunion: Odette Dubois et Serge Massut. À la fin de la cérémonie, Jacques Leclef remercie les célébrants, l’organiste, le chef de chœur et les choristes : Thérèse Detry, Léon Baes, Danny Bille, Jacques Delcourt, Jean-Marie Doumont, Pierre Sepulchre, André Schoofs, Fernand Stasse, Jean-Marie Thomas, Francis Gengler et Christian Colard. L’assemblée applaudit tous ces anciens.

Après la messe, tout le monde se retrouve dans la salle vitrée pour prendre l’apéritif, grand moment de retrouvailles, et puis chacun prend place à la table qui lui est réservée.

Au nom de l’Association des Ancien(ne)s, Jacques Leclef leur souhaite la bienvenue et donne quelques modalités pratiques pour l’organisation de cette journée. Il signale la présence de Damien Briard*, sorti en 1991, qui, après avoir suivi plusieurs formations, est parti s’installer dans la région bordelaise comme vigneron, mais est revenu à Floreffe expressément pour l’occasion. Nous n’avons pas hésité à servir son vin à table. Le repas, concocté par le cuisinier de l’école, Éric Brynaert, préparé et servi par les membres du personnel, fut fort apprécié.

Entre deux plats, notre président, Pierre Kinif, prend la parole. Il signale que nous sommes plus de 320 participants à cette journée (20 de plus qu’en 2013), représentant jusqu’à 75 années de vie au Séminaire. Il souligne la présence des deux plus anciens: André Perey, sorti en 1941 et André Bertrand, qui quitta le Séminaire en 1939. L’habituel et fidèle aîné des dernières réunions, l’abbé Guy Moreau, remet son bonjour à tous, n’étant pas présent vu son grand âge et la distance qui sépare Bruxelles de Floreffe. Pierre signale que, pour faire le pas des 75 ans, le plus jeune des anciens est Donovan Dive, sorti en 2014. Il met à l’honneur les années jubilaires et tient particulièrement à mettre en avant les années les mieux représentées, à savoir 1984 et 1985, dix-huit pour chaque année. Il signale la présence d’un ancien de 1984, doublement étoilé, à savoir Pierre Résimont. Deux années non jubilaires se distinguent encore une fois par leur fidélité: 1966, de Pierre Lambert et 1969, de Patrick Wanet, avec 11 inscrits pour chaque année. Petit bémol, le peu de jeunes anciens inscrits : 13 de 2000 à 2015! Il ne faut pas désespérer puisque l’année 2007 reste une année très bien représentée. Dans deux ans, ils fêteront leurs dix ans de sortie et il y a fort à parier que leur président, Antoine Perger, très actif, aura à cœur de battre les records ! À souligner aussi la présence de 34 professeurs ou éducateurs, actifs ou retraités. Ensuite, Pierre insiste tout particulièrement sur un projet qui fut réalisé cette année: le nouveau site des “Anciens et Archives” qui a vu le jour en mars 2015. Il conseille d’ailleurs vivement de le consulter SANS MODÉRATION! La rubrique “Les Archives” est un site évolutif, dirigé par trois personnes : Jean Bodson, Jean-Marie Detry et Jacques Guissard. Mais c’est aussi un site interactif: si vous souhaitez partager des souvenirs de votre passage au Séminaire, n’hésitez pas à nous les faire parvenir : c’est aussi votre site. Pierre termine son discours par la question: “Et de quoi l’avenir sera-t-il fait?” L’école et le Moulin-Brasserie font ce qu’ils peuvent pour entretenir les bâtiments qu’ils occupent, mais pour ce qui est du site abbatial, murs d’enceinte, galerie toscane, maison du pêcheur et porte du Nangot, façade de l’église, intérieur de l’abbatiale, il n’en est pas de même. Si les toitures de l’église et du clocher sont enfin terminées, l’évêché, propriétaire, ne veut plus investir dans les bâtiments de l’abbaye. Les temps sont durs pour tout le monde! La situation n’est pas désespérée aujourd’hui, mais elle pose question pour demain et après-demain…

C’est au tour de François Lefebvre, directeur, de prendre la parole pour nous donner des nouvelles de son école. La population est encore en augmentation au point de dépasser les 1 100 élèves. Ce qui entraîne quelques inconvénients du point de vue organisation, locaux mais aussi humain, car nous n’avons pas pu accepter de nombreuses demandes d’inscription, ce qui est contraire à notre tradition d’accueil. Il donne un conseil aux anciens : “Si vous voulez inscrire votre enfant ou petit-enfant, soyez prévoyants.” Béatrice Collignon, Alain Burton, Philippe Hermand, Jean-Benoît Leflot et Bernard Sougnez nous ont quittés pour une retraite bien méritée ainsi que Joëlle Larock (membre du personnel d’entretien) et Jacqueline Doumont (membre du personnel de cuisine).

Au dessert, la photo souvenir de chaque année jubilaire fut prise par Dominique Lambrechts (1976), correspondant à L’Avenir du Namur.

À la fin du repas, certains ont visité leur dortoir, leur réfectoire, leur salle de jeu, la dernière alcôve, la ligne du temps… Une visite pleine de souvenirs. Certains sont repassés par le Moulin pour terminer la journée autour d’une bonne bière de Floreffe.

Merci à Louis Reygaerdts pour toutes les photos prises la journée. Une partie de cellesci se trouve sur le site des Anciens. Nous en publierons quelques-unes dans ce bulletin et dans les bulletins à venir.

À la prochaine réunion en 2017!
– Jacques Leclef

(Extrait du Bulletin des Anciens juillet-décembre 2015)

Voici quelques photos prises lors de la réunion générale des ancien(ne)s du 10 octobre 2015.
Ces photos ont été prises par Louis REYGAERDTS, ancien de 1971.
Nous le remercions vivement.

« de 3 »

Document 7 : Certificat des vacances (18..)

Dans l’ « ancien temps » – on pourrait presque dire l’ « Ancien Régime » –, on ne badinait pas avec le règlement, très contraignant. Les éducateurs se consacraient à former les esprits, les cœurs, les âmes, du matin au soir, les jours de la semaine et le dimanche. Et quand les élèves se trouvaient dans leur famille, pendant les vacances (Noël, Pâques, grandes vacances), ne pensez pas qu’ils étaient quittes de toute obligation envers le Séminaire !

Chaque élève recevait un « Certificat des vacances », qu’il devait remettre au curé de son village ou de sa ville à la fin du congé (Voir pièce ci-dessous). Le certificat était rempli par le curé et était renvoyé au supérieur du Séminaire, qui contrôlait ainsi l’attitude de ses ouailles pendant les rares moments passés en dehors de l’école.

Le certificat date des années 18… mais cette façon de faire a été employée très longtemps encore, jusqu’aux années 1940-1950.

Nous joignons à ce document la carte de visite du chanoine Robeaux, supérieur au Séminaire de 1900 à 1910. Il y a écrit de sa main une note pour le curé de Floreffe, où il est question non plus de la conduite de l’élève pendant les vacances mais de la pratique religieuse de sa famille. Ici aussi, vous verrez combien la religion imprégnait la société de ce temps.

(7) certificat des vacances (1)

(7) certificat des vacances (2)

Carte postale 12 : Rentrée de la dernière voiture de foin de la prairie de la vigne

charretée de foin

Carte non écrite.
Le verso est coupé en deux et est réservé à l’adresse et au texte.
Elle est donc postérieure à 1905.

À propos d’ « un certain aspect champêtre » du Séminaire, l’abbé Henin écrivait en 1980 (lors du centenaire de l’Association des Anciens Elèves) :

« Il y a une vingtaine d’années, on voyait encore régulièrement le troupeau de vaches de la ferme traverser la cour d’honneur pour transhumer vers les alpages de la Vigne, laissant tout au long du chemin des traces incontestables de son passage. Je me souviens que, jeunes professeurs un peu prétentieux et bardés de certitudes, nous trouvions cela déplaisant et contraire à l’esprit d’accueil. Jusqu’au jour où un brave père de famille, venu du Nord et qui cherchait un établissement où son fiston pourrait séjourner et apprendre le français, passa par hasard par Floreffe. Il s’arrêta sous le porche qui était précisément garni, ce jour-là, de médaillons fleuris. Alors, cet homme sage baissa les yeux et leva la main en s’écriant : « Ça, c’est une maison ! », et il inscrivit son fils sur le champ, faisant taire par le fait même les caquets des jeunes professeurs distingués et un peu salonnards que nous risquions de devenir. »

 

Séquence cinéma 7 : Démontage de la charpente métallique de la salle vitrée (1972)

L’événement
Oui, on peut parler d’événement. Depuis 1898, le cloître de l’abbaye était recouvert d’une charpente métallique et d’une grande verrière. De tels types de construction étaient alors fréquents, l’ingénieur français Gustave Eiffel s’en était fait le spécialiste dans les années 1880. Que l’on pense à la tour Eiffel, élevée de 1887 à 1889.

Mais nous sommes en 1972. Le temps a passé et la « salle vitrée » – qui portait bien son nom – a perdu de sa superbe. Comme on peut le lire dans le Bulletin des Anciens de décembre 1973, « Au cours des dernières années, les plus jeunes ont pataugé dans l’eau qui se répandait jusque dans les couloirs de l’église, certains soirs d’orage. On avait beau procéder à de multiples réparations, rien à faire : après bientôt cent ans de bons et loyaux services, le vieux toit rendait l’âme. Il fallait, à nouveau, prendre une décision, moins audacieuse, sans doute, que la première : démolir et remplacer. »

Cette opération fut réalisée par les ouvriers du Séminaire et on ne sait s’il faut plus admirer leur audace ou déplorer l’inconscience de l’entreprise. On a rétrospectivement froid dans le dos quand on les voit évoluer à 10 ou 20 mètres du sol, sans harnais, sans crainte du danger pourtant très réel. Le rédacteur du Bulletin des Anciens pouvait bien écrire pudiquement : « Le personnel du Séminaire, sous la direction de M. Robert Gillain, entreprit, non sans une certaine hardiesse qui fit frémir bien des spectateurs, le démontage des 32 tonnes de la charpente métallique. » On reconnaît même un élève en train de casser les vitres, tout en haut de la verrière ! Je ne sais pas ce que penserait Philippe Rochus, « Monsieur-Sécurité » de l’école aujourd’hui (en 2015), en voyant ces exercices de haute voltige et l’absence totale des conditions de sécurité…

Fallait-il détruire la célèbre verrière ? C’est ce qu’il est dit dans le Bulletin des Anciens, le toit laissait passer l’eau par les vitres cassées et les élèves devaient parfois patauger dans l’eau. Pourtant, en d’autres endroits, certaines charpentes métalliques ont été conservées, avec leurs vitres, par exemple au Séminaire de Bastogne, où la « salle vitrée » a été très bien rénovée en 2007, pour le 200ème anniversaire de l’école. Le résultat est une réussite et c’est le même type de construction qu’à Floreffe.

Quoi qu’il en soit, la salle vitrée de chez nous n’a plus ses vitres mais elle garde son ancien nom, de même que la cour verte n’est plus la prairie où broutaient paisiblement des vaches dans les années 1920 et pourtant la vieille appellation, là aussi, a tenu bon.

Au fait… savez-vous que le « petit Séminaire » de Floreffe ne l’est plus que par le nom ? Il y a belle lurette (depuis 1967 exactement) que les philosophes ont quitté les lieux et que l’école ne forme plus à la prêtrise. À Bastogne non plus, d’ailleurs, mais l’école s’appelle aujourd’hui l’ « INDSé » – abréviation pour « Institut Notre-Dame Séminaire de Bastogne ». « Semen, seminis », la semence, la graine ; allez, gardons les traditions, elles ont du bon, et les graines de la science éclosent toujours dans les jardins suspendus de notre vénérable abbaye…

Le résumé
00.00 Dernière visite de la salle vitrée avant sa destruction. À l’intérieur…
00.57  … à l’extérieur.
01.24 Roger Rousseau (le menuisier) et un élève apportent des panneaux pour protéger le sol.
01.40 Premier travail : casser les vitres.
02.05 Mieux vaut ne pas avoir le vertige…
02.20 Robert Gillain, en cache-poussière. L’autre personne, portant un casque jaune, est Christian Wiame.
02.39 On s’attache comme on peut…
02.57 Oui, vous avez bien vu : c’est un élève, si haut perché.
Si vous le reconnaissez, merci de nous le faire savoir.
03.07 Roger Rousseau, le menuisier.
Les éléments métalliques tombent.
03.55 « Danger, … vous avez dit : « Danger » ? »
04.21 Même l’abbé Duchêne s’en mêle.
04.28 Pluie d’étincelles…
05.02 Timber !
05.08 Des élèves font contrepoids.
Robert Gillain, dans ses œuvres.
05.38 Seul, en haut : Robert Gillain.
06.04 « Ces chênes qu’on abat »… L’abbé Duchêne et le préfet (André Magonet) constatent que la salle vitrée est bien morte.

Nous avons sélectionné environ 7 minutes sur les 32 de la bobine originale.

Vous apprendrez d’autres renseignements sur l’ancienne salle vitrée en allant voir la photo n°13.

En guise de clin d’oeil, sachez qu’il n’y a pas que les Floreffois qui ne souffrent pas de vertige ! Sur la célèbre photo illustrant la construction des buildings à New-York, on voit des ouvriers mangeant tranquillement leur casse-croûte, assis sur une poutrelle métallique, à une hauteur… vertigineuse.
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Nul doute que Robert Gillain aurait pu faire de même !

Photo 13 : La salle vitrée

La photo ci-dessous est une scène du banquet des anciens de 1969, qui revêtait un lustre particulier : l’école fêtait son 150ème anniversaire. On voit très bien la charpente métallique et les vitres qui servaient de couverture à la salle « vitrée ».

salle vitrée

Dans son livre « Le Séminaire de Floreffe », édité précisément cette année-là pour le jubilé, l’abbé Louis DELFOSSE écrit au chapitre XII. Les travaux, p. 74 : « En 1898, le cloître devient salle vitrée, le jardinet central est recouvert de dalles, les vitrages qui jusque là séparaient les galeries de ce jardinet sont supprimées. (…) La fourniture et le montage de la charpente métallique, exécutée par les Forges d’Aiseau, ont coûté 15 166 francs 43 centimes. Le poids était de 32 269 kg, ce qui fait 47 centimes au kilo. La même année, fut construit le perron de la cour des élèves, les balustrades ont coûté 925 francs. »

C’est de la même époque que date le dallage de la salle vitrée. Le chanoine Kaisin, supérieur de 1930 à 1948, nous a laissé un témoignage très intéressant à ce sujet. Voici ce qu’il disait dans une homélie prononcée un jour de « Fête des Moines » (voir Bulletin des Anciens, décembre 1973) :

« Nous nous unissons à tous ces anciens moines dont les âmes vivent dans la gloire et dont les ossements dorment sous nos pieds, ici, sous les dalles du chœur, des sacristies, du cloître et du préau vitré. Monsieur Motus et moi avons eu l’avantage de les y voir un jour dans leurs tombes ouvertes pour la construction de la charpente de fer qui couvre aujourd’hui ce préau. »

Monsieur le chanoine Kaisin avait douze ans quand il assista à la transformation du cloître de l’abbaye. C’était en 1898.

On trouve dans ses paroles la réponse à une question souvent posée : « Les corps des religieux sont-ils enterrés sous les dalles de la salle vitrée ? »

La charpente métallique a été démontée en 1972. Voyez la séquence cinéma 7 (extrait du film de l’abbé Ferminne) qui retrace cet événement.

Carte postale 11 : Champ du jeu de balle

champ du jeu de balle

Admirez cette carte exceptionnelle : le terrain de jeux au pied du Séminaire était alors (la carte date d’avant 1905) le champ du jeu de balle.

Il s’agissait de la balle au tamis : on distingue chez deux participants le gant-coquille propre à ce jeu. Pour livrer, on faisait rebondir la balle sur un tamis (une sorte de tambour) et le livreur l’envoyait dans le camp adverse, comme à la balle pelote. La balle était en sable, entourée de peau, plus petite et plus dure qu’à la balle pelote. À chaque livrée, on employait une nouvelle balle.

Pour la petite histoire, il se dit qu’un supérieur avait introduit le jeu de balle pour remplacer le football, jugé alors trop violent.