- Sommaire
- Édito – La vie au Séminaire.
- La guerre 1914-1918 et le Séminaire (3).
- 200 ans d’archives en un clic.
- Le site « Les anciens – Les archives » : dernières nouvelles.
- La vente des bancs des salles d’étude.
- André Motte, du latin et du grec à la philologie et à la philosophie.
- Le parcours d’un autodidacte : entretien avec Mathias Böhler (1995).
- Jubilé d’or de la rhéto 1965.
- Le Séminaire fête ses pensionnés : Joëlle Larock – André Gérard – Jean-Marc Delval – Bernard Sougnez – Roland Hinnekens.
- Le courrier des lecteurs : André Ferard – Luc Gillain – Marc Sohet.
- La revue des livres : Louis Istasse (1973).
- Que sont nos anciens devenus ?
Mathieu Duchêne (2006) – Benoît Behets Wydemans (2004) – Sarah Scavone (2015) – Luc Delire (1973) – François Piette (1997) – Marc Belvaux (1981) – Jean-Marie Cuvellier (1950) – Jean Romain (1945) – François D’Alcamo (2012) – Joseph Dewez (1967). - Mariages – Naissances – Décès – Résultats des anciens.
- Extrait : jubilé d’or de la rhéto 1965
Septembre 1964: trente garçons inauguraient la nouvelle aile Bastin en tant que rhé- toriciens … avant de la quitter définitivement dix mois plus tard pour de nouveaux horizons. Ce déménagement dans ce bloc de béton, qu’on aimait ou pas, marquait une césure entre deux époques que les plus jeunes lecteurs de ce bulletin auraient de la peine à imaginer … Cinquante ans plus tard, le 9 mai 2015, ils étaient dix-neuf à se retrouver au Séminaire de Floreffe, accompagnés de quelques épouses. Plus précisément, ils s’étaient donné rendezvous au moulin de l’ancienne abbaye, car «leur» collège était envahi ce samedi-là par une foule nombreuse, venue pour la fancy-fair de l’école primaire. Voilà bien une chose inconnue cinquante ans auparavant, quand la vénérable institution ne comptait “que” quelque trois cents élèves du même sexe, dans un internat qui ne jurait que par les humanités gréco-latines, summum à l’époque d’une formation classique qui surpassait, du moins dans l’esprit de certains, toutes les autres …
Trois professeurs avaient rejoint notre groupe: tout d’abord, l’abbé Jean Lombet, qui, cinquante-huit ans plus tôt, en tant que titulaire de sixième B (année scolaire 1959-1960), avait marqué quelques-uns d’entre nous. Ensuite, l’abbé Jacques Detienne, que certains eurent comme titulaire et professeur à deux reprises : en 4eA (1961-1962) et en Poésie (1963-1964).
Enfin, un laïc – à cette époque, on les comptait encore sur les doigts d’une main – M. Émile Schaack, professeur de français et de grec dans les deux 3es. Tout en donnant cours, il termina sa thèse de licence en philologie classique et occupa ce qui lui restait de loisirs à apprendre l’anglais tel qu’on le parle à quelques mordus de théâtre. Il est vrai que cette époque des sixties vit la mise en scène de multiples chefs-d’œuvre classiques et contemporains, dans une salle vitrée pleine à craquer ou en extérieur, dans la cour verte.
L’accueil au moulin était assuré par Alex Furnémont, secrétaire de la rhéto 65, ainsi que par Jacques Leclef et André Schoofs, respectivement secrétaire et membre de l’association des Anciens de Floreffe. Après les premiers échanges où la mémoire de certains visages et prénoms marquait certaines lacunes, notre groupe entama une première ascension vers les anciens appartements de l’abbé Dejardin, dans l’aile de la bibliothèque du XVIIIe , qui surplombe le village. Transformée en chapelle et lieu de réflexion, elle servit de cadre à une émouvante commémoration de nos condisciples qui nous avaient déjà quittés. Chacun put alors rappeler ses souvenirs sur “nos copains d’alors” : FrançoisMarie Kruk, Michel Minette, Philippe Pierard, Léon Heurion, Jacques Rasschaert et Albert Demeure, ainsi que l’abbé Michel Dangoisse, notre titulaire de rhétorique. Trois textes ont mis en exergue la vie, l’interrogation à l’ami sur le lieu où sa destinée le menait et comment nos actes avaient répondu à celui qui a faim, soif, qui est étranger, nu ou malade, bref au frère qui nous interpelle. Cette commémoration s’est achevée par l’énumération des noms des vingt professeurs (en majorité des curés) qui nous avaient quittés et par la prière du Notre Père. Descente vers le moulin-brasserie, où l’apéritif nous fut servi, interrompu par la photo traditionnelle immortalisant les jubilaires du jour avec les trois professeurs présents. Ensuite un repas de retrouvailles fut servi à une joyeuse table de convives, heureux de partager des retrouvailles et de vieux souvenirs. Jacques Leclef, au nom de l’association des anciens de Floreffe, rappela la finalité de celle-ci et son désir d’actualiser sans cesse la “mémoire” de ces temps lointains et plus proches, via un site internet qui rassemble l’histoire du Séminaire, notre histoire. L’abbé Jacques Detienne nous lut des extraits de “la petite Buzette”, (dont je découvris que je fus à l’époque un des rédacteurs en chef!) : que de créations théâtrales il dirigea (ainsi qu’Émile Schaack, l’année où il fut professeur à Floreffe), dont plusieurs d’entre nous furent les acteurs ; enfin, André Guiot nous psalmodia une longue litanie en décasyllabes, évoquant ces années studieuses vécues en vase clos, dont voici quelques brefs extraits :
… Épine dorsale, la religion
Le respect scrupuleux des prescriptions
Pour éviter toute condamnationTôt le matin, la cloche, invitation
À l’étude pour la méditation
Puis à la messe avec dévotion…
… Les deux jours de frites, ébullition
Les serveurs à la cuisine, éruption
Pour satisfaire les estomacs «lion».Les cours se déclinent avec attention
Les versions, élocutions, révisions
Parsèment le parcours d’évolutionChaque quinzaine, une évaluation
La carte rose congratulation
La jaune et la verte détestation…
et de conclure par un vibrant: …Grand merci à nos maîtres d’exception
À qui nous vouons de l’admiration
Qui méritent une sanctificationAndré Schoofs, qui partagea plusieurs années avec nous, replongea ensuite l’assistance plus d’un demi-siècle en arrière avec la projection de vieux films de l’abbé Ferminne (glissades en traîneaux (!?), fête de gymnastique sous la direction de Michel Delire, etc.) et les interviews des abbés Ferminne et Dubois par la RTBF.
La journée se poursuivit pour les plus courageux par la remontée vers les hauteurs pour une visite des charpentes de l’abbatiale (XIIIe et XVIe siècles) et du clocher restauré il y a deux ans : l’abbé Lombet, en fin connaisseur des recoins et de l’histoire de notre vénérable abbaye, fit découvrir aux plus courageux(ses) d’entre nous ces poutres multicentenaires, sous lesquelles nous eûmes souvent l’occasion de méditer et de rêver …
La journée ensoleillée, malgré les prévisions météo, s’acheva par les dernières embrassades, la promesse de ne pas attendre vingt-cinq ans pour se retrouver et la dégustation d’une dernière floreffe au moulin-brasserie…
– Alex Furnémont Secrétaire Rhéto 1965