La cour verte portait bien son nom en ce temps-là – l’envoi est daté du 1er mai 1902. Une prairie bien rasée par des vaches qui broutent paisiblement, la végétation luxuriante qui recouvre le jardin suspendu, les tilleuls, à droite, qui sont plantés depuis peu de temps : l’aspect bucolique de la scène aurait valu au Séminaire le label « Une école à la campagne » !
À propos de l’appellation « jardin suspendu », employée aujourd’hui (et depuis longtemps déjà), remarquez qu’elle n’intervient pas ici. La carte postale est intitulée « Cour verte et Portique ». Jean-Marie Nahon, sorti de rhéto en 1949, nous confirme qu’il n’a jamais entendu parler de « jardin suspendu » pendant ses humanités. Il nous a montré une autre carte postale, datant des années 1930-40, où l’on voit à peu près la même scène (les vaches en moins). La prairie a fait place à une pelouse, entourée de bordures, et à des allées couvertes de gravier (comme aujourd’hui). Mais la carte est aussi intitulée « Séminaire de Floreffe. Portique de la Cour Verte (XVIIe s.). Grotte et Jardin. »
On ne faisait pas de distinction entre le bas et le dessus de la cour verte, explique Jean-Marie Nahon. Quand je me rendais, ainsi que d’autres, chez M. Van de Cauter pour mon cours de piano, je disais : « Je vais chez Véhicule, dans la cour verte, près du portique. » « Véhicule », c’était le surnom de M. Van de Cauter. Il habitait le pavillon carré juste à côté du portique, dont deux fenêtres donnent sur la Sambre et deux sur la cour verte.
Le pavage, ici, est encore inexistant. Nous sommes en 1902 et il ne sera réalisé qu’entre les deux guerres.